Réseau d'information sur les municipalités — MRC de Rivière-du-Loup

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Éolien: le Réseau défend le rapport de la vérificatrice générale

6 juin 2018

Le Réseau d’information sur les municipalités s’inquiète de la désinformation galopante concernant la profitabilité des projets éoliens pour le Québec.

Il est clair que les élus municipaux et l’industrie éolienne ont beaucoup à gagner à défendre la politique actuelle. L’objectif des municipalités est le développement régional, et les paiements garantis d’électricité sont un bon levier pour le réaliser, alors qu’elles cherchent désespérément à diversifier leurs revenus. L’industrie profite quant à elle du développement de sa filière et de sa participation minoritaire aux projets éoliens.

Ainsi, les élus peuvent tout à fait affirmer que le développement de la filière éolienne est profitable pour les régions. Mais il est inexact de prétendre qu’il est profitable pour le Québec.

Lors de l’inauguration du parc éolien Nicolas-Riou cette semaine, le député Jean D’Amour a vite réglé la question par un syllogisme incroyablement simpliste : 1) c’est bon pour la région; 2) la région est au Québec; 3) donc c’est bon pour le Québec. Inutile de dire que c’est vite aller en affaires.

Pour sa part, le préfet de la MRC de Rivière-du-Loup Michel Lagacé, infatigable défenseur de l’éolien, a induit le public en erreur en affirmant que la vérificatrice générale, dans son rapport qui démontre que l’électricité éolienne ne devrait pas être développée davantage, se base sur un coût de 9 ¢ le kWh pour arriver à cette conclusion, alors que les nouveaux projets pourrait être développés à des coûts moindres. Ce faisant, M. Lagacé confond le coût marginal (le prix de la nouvelle électricité en 2018) et le coût moyen (le prix moyen de toute l’électricité postpatrimoniale).

Ce que le rapport de la vérificatrice générale démontre, c’est que le Québec pourrait s’alimenter presque totalement en électricité patrimoniale, à un coût moyen de 2,67 ¢/kWh, mais que la présente politique consiste, en 2016, à laisser inutilisés 11,6 TWh de cette électricité pour produire 14,7 TWh de nouvelle électricité à un coût moyen de 8,96 ¢/kWh. Contrairement à ce que prétend M. Lagacé, le coût moyen de la nouvelle électricité ne diminue pas mais augmente constamment depuis 2012, selon le rapport. En 2016, la différence de prix a été de 730 millions de dollars.

Cette politique pourrait se défendre par l’intérêt du développement régional. Mais ce serait oublier qu’une bonne partie de ces centaines de millions de dollars est versée en dividendes aux actionnaires des grandes entreprises éoliennes, et non en investissements dans le développement régional. Ce serait donc la politique de transferts financiers vers les régions la plus inefficace de toute l’histoire. Une opération plus efficace serait d’augmenter les prix de l’électricité ou les impôts pour tous les Québécois et de faire des chèques aux régions, d’exploiter à 100 % nos grands barrages et de limiter le développement de nouvelle électricité pour répondre à nos besoins supplémentaires, soit environ 3,1 TWh selon les ventes d’électricité de 2016 (plutôt que les 14,7 TWh produits).

Cette politique ne peut pas non plus se défendre par la création d’une filière de 5000 emplois, comme l’a fait M. Lagacé dans une lettre ouverte. D’abord parce que 730 millions de dollars par an, c’est beaucoup pour 5000 emplois. En comparaison, en 2016, les crédits d’impôts et subventions à l’ensemble des entreprises québécoises a été de 3,2 milliards de dollars. Ensuite parce que la filière éolienne ne serait pas enterrée : on y aurait recours pour suppléer les grands barrages et assurer la transition énergétique dans les régions éloignées du Québec qui, n’étant pas desservies par le réseau, s’alimentent toujours à l’énergie fossile, notamment le mazout. Mais nos élus se priveraient ainsi de leur aura de grands bâtisseurs de moulins à vent.

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